Le 25 et 26 février la Philharmonie de Paris a animé un "weekend celtique" de musique irlandaise et écossaise. Au programme, la formation "Lynched", Le Monde y a fait un reportage :
Chanteur et joueur d’uilleann pipe (cornemuse irlandaise), Ian Lynch ne s’est pas privé d’ironiser dans la grande salle Pierre-Boulez. Il a présenté ses excuses pour la victoire des joueurs du Trèfle, puis sa formation : « Nous sommes Lynched, de Dublin. » A l’évidence, il avait suivi le matchau moment où la salle de répétition accueillait un bal irlandais (reels et jigs au programme), résultat d’ateliers pour amateurs à la Cité de la musique, consacrés au fiddle – ce violon sur lequel on peut poser une bière, dit l’adage – et au bodhran, le tambour sur cadre dont l’ancestralité est douteuse. Et la prolifération établie lors de la renaissance celtique des années 1970.
Magistraux louvoiements d’archet
Depuis les succès des Chieftains et des Dubliners, l’engouement pour la musique irlandaise n’est jamais retombé. Sans doute parce que ce vivier traditionnel se prête à une multiplicité d’approches, mêlant relectures, exhumations et compositions. Issu du punk, Lynched a choisi de se faire l’écho de la rue, du pub, des petites gens. Après d’être longtemps produit dans les abreuvoirs de Temple Bar, à Dublin, et même dans les squats, ces « mécréants du folk » ont livré en 2014 un premier album, Cold Old Fire, qu’aurait adoré Joe Strummer, le défunt leader de The Clash. A commencer par la chanson-titre, un hymne pour les perdants de la récession de 2008. Harmonisés à quatre voix, ces chants vibrants de protestation et de combat font place à un humble instrumentarium, le pipe d’Ian Lynch, la guitare de son frère Daragh, le concertina et l’harmonium de la (fatalement) rousse Radie Peat, et l’inévitable fiddle de Cormac Mac Diarmada. En se plaçant sous la formule d’un modèle, le chanteur et archiviste dublinois Frank Harte : « Ceux qui sont au pouvoir écrivent l’histoire et ceux qui souffrent écrivent des chansons. »
Le contraste du propos est saisissant avec The Gloaming (« le crépuscule »). Ce quintette irlando-américain constitue, lui, un « supergroupe », une addition de talents au pedigree déjà impressionnant : ancien du groupe de fusion Afro Celt Sound System, le chanteur Iarla O Lionaird est un spécialiste du sean-nos, ce chant d’ornementation gaélique et a cappella ; accompagné de son complice américain, le guitariste Dennis Cahill, avec lequel il a multiplié les expériences transfrontalières, le violoniste Martin Hayes s’est imposé comme un des plus grands virtuoses de cet instrument qui compte quelques pratiquants en Irlande ; le deuxième fiddle est tenu par un autre prodige, Caoimhin O Raghallaigh, réputé pour son style unique, un bourdon qu’il développe sur un Hardanger, modèle norvégien à cinq doubles cordes. Le cinquième élément vient d’une autre planète : collaborateur, comme pianiste ou producteur, de The National, Antony and the Johnsons ou Sufjan Stevens, le New-YorkaisThomas Bartlett appartient à la scène du rock « indie ». Ses interventions ici témoignent surtout de son intérêt pour l’esthétique minimaliste, Philip Glass en particulier.
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